Nous voyons se développer l’économie collaborative, c’est-à-dire un nouveau système de production où des acteurs économiques, intelligemment mis en réseau par des plateformes qui créent de la confiance, coopèrent pour augmenter l’efficacité et réduire les coûts de leurs productions. Les applications sont déjà multiples : co-voiturage, location d’appartement pour les vacances, travaux à domicile, formation, logiciels et ingénierie de produits en open source, etc.
La vente à l’export est par essence collaborative : Chaque exportateur sait qu’il doit intégrer un écosystème pour bien vendre ses produits : distribution, transport, financement, collecte d’informations commerciales, apport d’affaires, hébergement de commerciaux à l’étranger, recouvrement impliquent chacun des acteurs différents. Les résultats de la recherche académique montrent par exemple que plus l’exportateur coopère avec son distributeur, c’est-à-dire plus il aborde la relation avec son distributeur comme une manière d’atteindre ensemble des objectifs commerciaux (en partageant ressources, capacités et informations) plus il est efficace. Le talent de l’exportateur c’est donc de savoir créer des relations d’affaires (et des contrats) qui créent une confiance entre les parties, facilitent et stimulent la coopération.
Quelques plateformes commencent à faciliter cette collaboration: export-impulse.org (une sorte de Airbnb de l’hébergement de commerciaux à l’étranger) vous aide à trouver des locaux à l’étranger, l’appli Mocity à retrouver d’autres exportateurs, frenchfounders.com à rencontrer des expatriés entrepreneurs, mercurr.com à trouver des sociétés d’accompagnement. Dans le monde réel on peut citer l’opération « Exportation collaborative » initiée par le Medef, l’OSCI et l’ADEPTA qui vise à aider les exportateurs à s’allier entre eux dans la conquête de marchés export pour qu’ils mutualisent informations commerciales, actions marketing ou commerciales, et proposent des offres plus complètes aux clients internationaux. Ou encore les négociants qui ont toujours cherché à coopérer avec les producteurs dont ils vendent les produits.
Il reste à inventer une plateforme de « crowd-exporting » : imaginez, vous souhaitez faire distribuer vos cosmétiques en Australie, vous ne connaissez pas ce marché mais la plateforme (appelons-la TheHub) va vous aider à créer une équipe de compétences et à créer une relation de confiance avec eux. Dans TheHub vous pouvez interroger Pierre, un ancien Directeur Australie de L’Oréal, qui vous explique le marché Australie et vous donne ses conseils pour votre marketing ; vous y recruterez Eamon, un designer freelance qui vous fera un packaging ad hoc, et fabriquera vos échantillons « spécial Australie » sur son imprimante 3D ; vous y trouverez également John, un ancien vendeur Beiersdorf Australie qui se propose de devenir votre account manager local. Vous y créerez un smart contract avec ces personnes et avec le distributeur que vous aurez sélectionné et ce contrat électronique, déposé sur la blockchain, collectera l’argent de vos ventes et redistribuera automatiquement un pourcentage à Pierre, Eamon et John, le dispatching des flux étant garanti par TheHub.
A partir du moment où une plateforme saura créer de la confiance entre des acteurs économiques de l’exportation le champ du possible deviendra sans limite. Rappelez-vous les aléas de la location d’appartement de vacances avant AirBnB ou les galères de l’autostop avant Blablacar ; l’exportation est à ce dégré zéro d’organisation, tout reste à faire, à vous de jouer !